L’investissement d’impact : Pourquoi il faut s’y intéresser

L’investissement d’impact : une définition

On entend parler d’investissement d’impact (II) depuis près d’une décennie mais on en saisit pas toujours bien le sens, ni la portée. L’II est, en fait, une réponse aux nouvelles générations d’entrepreneurs (sociaux) qui veulent faire une différence réelle dans la vie des gens. Le champ d’action de l’II est large et peut couvrir la majorité des secteurs ou domaines de l’activité humaine, tels que:

  • Énergie verte;
  • Technologies visant le bien-être des individus;
  • Micro-finance;
  • Éducation et santé;
  • Agriculture durable;
  • Habitation;
  • Mobilité durable;

L’investissement d’impact : Un choix rentable pour la société… mais aussi pour les investisseurs

De plus en plus d’investisseurs croient que la recherche d’impact n’est pas inconciliable avec la recherche de profits. L’accélération du réchauffement climatique a pavé la voie à des entreprises qui, avec des modèles d’affaires innovants ou de nouvelles technologies répondant mieux aux enjeux de l’heure, ont vu leur compétitivité s’améliorer et, ainsi, améliorer leur position concurrentielle et financière. Il est aujourd’hui clair qu’une entreprise qui ne tient pas compte de l’environnement dans laquelle elle évolue la rend vulnérable, voire vouée à disparaitre. Depuis quelques années, de nombreux grands donneurs d’ordre exigent de leurs fournisseurs un bilan exemplaire sur le plan social et environnemental; ceci parce que leurs propres clients les pressent de le faire.

L’investissement d’impact demeure le fait de quelques fonds d’investissement au Québec. Le plus grand nombre toutefois, bien qu’alléguant en être les tenants, ont du mal à incarner cette vision et à mettre en œuvre des actions concrètes d’II, et ce pour trois principales raisons :

  • L’II doit partir d’une intention ferme (et résolue) de générer des impacts bien définis. Rares sont les investisseurs qui font montre d’une telle volonté et la majorité d’entre elles ont une stratégie « opportunistes » bien éloignée de l’approche thématique;
  • La difficulté de structurer le financement de certaines initiatives d’impact en ayant un horizon d’investissement trop court ou d’adopter une approche créative. Les investisseurs qui réussissent le mieux dans cette voie d’impact sont ceux qui usent de créativité dans la structure de leur investissement et ont un horizon à long terme;
  • L’absence de méthodologie fiable (et aisément communicable) de mesure des impacts.

« Il est difficile pour les investisseurs, vu l’absence d’un consensus méthodologique qui encadre le domaine ESG, de savoir quel investissement est réellement un investissement durable et donc de cibler ce type de produit. De plus, le fait que ce sont souvent les entreprises elles-mêmes qui jugent leur performance ESG, les données et statistiques des investissements durables s’avèrent peu fiables. En réponse à cette problématique mondiale, Jean-René Giraud, le directeur général de TrackInsight, affirme qu’il faut demander à un organe indépendant de certifier les investissements responsables afin d’assurer une totale indépendance et une meilleure transparence. » (www.economie.gouv.qc.ca,  24 septembre 2018)

Le développement d’un standard de mesure d’impacts demeure une priorité à laquelle doivent s’attaquer les investisseurs responsables. Ceux qui sauront développer et mettre en valeur une telle méthodologie fiable auront une longueur d’avance et seront certainement mieux outillés pour déployer davantage de capital en II ; et ainsi, démontrer en quoi ces investissements génèrent des rendements satisfaisants pour leurs actionnaires.

Les dirigeants d’entreprises ont le pouvoir de transformer la société !

Il est de plus en plus admis que les entreprises ont une responsabilité sur le plan sociétal. Les fonds de pension et firmes d’investissement s’assurent de plus en plus d’extraire progressivement de leur portefeuille des actifs ou entreprises qui affichent un bilan ESG (environnemental, social et gouvernance) négatif. Elles le font – à divers degrés ! – parce que leurs actionnaires ou bénéficiaires exercent une pression grandissante sur eux.

Est-il nécessaire de dire qu’il faut aller encore plus loin et il importe que l’II (thématique ou « impact-first ») se déploie encore plus rapidement. Plus tôt nous saurons mesurer les impacts en question et plus enclins nous serons de nous y engager.

Tout dirigeant d’entreprise se doit d’intégrer à sa réflexion stratégique cette nécessaire recherche d’impacts. Il y a plein de leviers sur lequel celui-ci peut agir et il faut voir là une opportunité de positionner favorablement l’entreprise dans le contexte d’enjeux importants (environnement, social, territorial); et de renforcer ainsi sa position financière à long terme. La valeur de l’entreprise ne peut être que plus élevée dès lors que celle-ci prend toutes les mesures disponibles pour mitiger les risques associés à l’environnement et remplir ses responsabilités sociales. Ne pas agir, c’est mettre l’entreprise à risque ! Les forces en présence sont fortes et comme le dit Warren Buffet : « It takes 20 years to build a reputation and five minutes to ruin it. »