Typologie d’entrepreneurs rencontrés en 2012

Les egos et « go » (les « egoego »)

Qu’on me comprenne bien : j’estime qu’une attitude positive est nécessaire pour réussir en affaires comme dans la vie. Pour qu’une vision se matérialise, il faut de la détermination et une certaine dose de conviction personnelle. Si un entrepreneur écoutait les conseils de toutes les personnes bien intentionnées qu’il croise sur sa route, il renoncerait à son rêve dans bien des cas. Les individus dont je parle ici sont ces gros égos qui murissent une idée et qui, sans avoir consulté qui que ce soit, sollicite le support des autres dans l’espoir qu’ils l’appuieront aveuglément. Ces « egoego » ont rarement du succès car ils auront omis de bien analyser le client. Ironiquement, lorsqu’ils auront conscience que le succès leur échappe, ils auront bien souvent tendance à reprocher aux autres leur infortune. Vous reconnaitrez ceux-ci à leurs complaintes habituelles : « Personne n’a compris mon modèle d’affaires… Les investisseurs d’ici n’ont pas de vision… ». Ces personnes n’ont qu’elles à blâmer et leur principal défi consiste à ce qu’elles sortent d’elles-mêmes.

Les egos et « no go » (les « egonogo »)

Contrairement aux « egoego », les « egonogo » sont des personnes généralement cérébrales qui ne partageront leurs bonnes idées que lorsqu’elles auront la conviction que celles-ci frisent la perfection. Un tel profil de personnalité constitue un désavantage dans un monde ouvert à haute vélocité dans lequel il faut être en mesure de tester ses idées à répétition – de façon circulaire – et en permanence. Ces personnes préfèrent généralement travailler en mode furtif (« stealth ») et sont souvent rétives à adopter une attitude ouverte face au partenariat ou aux façons de faire visant  à accélérer la validation des idées et des concepts dans le marché (e.g. « design thinking »). L’adage qui dit que « s’il faut échouer, mieux vaut le faire rapidement » ne s’applique certainement pas à ces « egonogo ». Ils sont fugaces et le succès leur échappe souvent car ils tardent à saisir les opportunités qui se présentent à eux.

Les « no-ego »

Ceux-là sont en permanence rivés sur leur ordinateur et voit le web telle la seule fenêtre sur le monde. Parfois introvertis, ils font peu de cas de la réalité physique des choses et s’imagine que la genèse de la future innovation de rupture réside quelque part dans leur tête. Il arrive que ces « no-ego » aient de très solides compétences techniques et qu’elles aient consacré beaucoup de temps au développement d’une innovation. Omettant la plupart du temps de valider au préalable la valeur de cette innovation auprès de clients potentiels – l’opportunité commerciale en quelque sorte -, plusieurs auront perdu leur temps in fine. Ces « no-ego » sont, il faut le dire, de précieux collaborateurs en vue d’approfondir une lecture de l’environnement de marché ou sur la concurrence. Ils sont généralement très allumés mais il faut généralement les ramener sur le terrain du « client ». Ces personnes seront de bons « no 2 » dans une équipe mais, comme le client demeure souvent dans leur angle mort, il est impératif qu’elles soient aux côtés d’entrepreneurs ayant une meilleure sensibilité aux « clients » et une expérience en gestion marketing.

En conclusion …

Bien que ces profils soient, convenons-en, un peu caricaturaux – en ce temps des Fêtes -, je suis persuadé que plusieurs d’entre vous pourriez accoler des noms à chacun d’entre eux. Dans les faits, nous sommes tous un peu hybrides et, selon les circonstances, des egoego, egonogo ou des no-ego. Les meilleures équipes sont celles qui savent bien intégrer les diverses personnalités et en tirer le meilleur. Pour réussir, il faut certes avoir l’enthousiasme des egoego, la sagesse des egonogo et la curiosité des no-ego. Chose certaine, le client doit demeurer l’obsession de l’entrepreneur à telle enseigne qu’il lui faut bien le sonder, le connaître et maintenir un dialogue constant avec lui. En définitive, le meilleur entrepreneur est celui dont l’ego n’est jamais altéré dans sa détermination mais qui doit savoir tenir compte en tout temps de la réalité de ce client. Tous les entrepreneurs qui sauront en prendre conscience, quelque soit leur profil dominant, augmenteront leur chance de succès.

Bonne année 2013 à tous et puissions-nous tous ensemble bâtir une société où il fait bon vivre pour le plus grand nombre.

Louis Fortier[:]